Le mois de mars 2017 marquera le sixième anniversaire de la crise en Syrie. Six années qui auront dévasté une nation, un peuple et ses enfants. Depuis 2011, la quête de sécurité a forcé plus de la moitié des Syriens à quitter leur maison.
Plus de six millions de personnes ont été déplacées à l’intérieur du pays et plus de 4,9 millions d’autres sont enregistrées à titre de réfugiés dans les pays avoisinants. Près de 1,2 million de Syriens ont présenté une demande d’asile en Europe. Entre novembre 2015 et janvier 2017, plus de 40,000 réfugiés syriens sont arrivés au Canada.
En octobre 2016, la Croix-Rouge canadienne s’est associée à la Fondation Tim Horton pour les enfants afin d’offrir à un groupe de jeunes réfugiés syriens ce que plusieurs considèrent comme une expérience typiquement canadienne : un camp de vacances estival.
Quatre-vingt-dix jeunes syriens et dix interprètes ont traversé le Canada atlantique pour se rendre au Camp Tim Horton pour les enfants à Tatamagouche, en Nouvelle-Écosse. Le but était d’offrir aux jeunes réfugiés syriens la chance de créer des liens avec d’autres jeunes des Maritimes et de participer à des activités de travail d’équipe pouvant renforcer la confiance en soi et apporter une guérison émotionnelle.
Sur les rives du détroit de Northumberland, ces nouveaux arrivants syriens ont appris autant de choses sur le Canada que sur eux-mêmes. Voici quelques-unes de leurs histoires.
Rencontrez les campeurs
Anna
Pour moi, c’est une année pleine de défis.
La musique est très importante pour moi. Je joue du piano depuis que je suis toute petite. Quand j’étais en Syrie, je prenais des leçons avec un professeur. Un jour, j’aimerais pouvoir m’acheter un piano parce que celui qu’on avait est resté en Syrie.
La musique est vraiment une bonne chose. Elle exprime la vie, les émotions, les sentiments.
Fred et Mohamad
Je n’aurais jamais cru me rendre jusqu’au Canada, mais j’y suis et je suis très heureux
Les mots me manquent pour dire à quel point ce camp a donné à ces jeunes la chance d’être seulement des jeunes! Ils n’avaient pas à penser à la guerre, aux bombes, à la faim, aux soldats ou aux horreurs que certains d’entre eux ont vus et vécus dans leur propre pays ou dans le périple qui les a menés ici. Ils avaient un environnement sécuritaire où ils pouvaient rire, s’amuser, se faire des amis, faire de l’exercice et participer à des activités vraiment cool comme le tir à l’arc et l’escalade.
Je pense que la chose la plus gratifiante pour moi, en tant que père de deux enfants, a été de voir ces jeunes courir partout, jouer et rire ensemble, et se sentir en sécurité dans leur nouveau pays.
Masa et Yasser
On est ici depuis huit ou neuf mois. Avant d’arriver au Canada, on a passé trois ans en Jordanie.
Quand on a reçu l’appel pour venir au Canada, mon téléphone était en mode silencieux, mais je le tenais dans ma main. Si je ne l’avais pas tenu, j’aurais manqué l’appel et je ne serais pas au Canada en ce moment.
La diversité est l’une des choses que j’aime le plus du Canada. À mon école, il y a plusieurs nationalités différentes. J’ai la chance de rencontrer plein de monde, de mieux connaître leurs cultures et leurs langues. Moi, les langues me fascinent.
Tamara
Ouvrir notre pays aux nouveaux arrivants est une façon formidable d’aider les enfants du monde entier à être juste des enfants.
À travers les jeux, les classes et les repas pris ensemble, les jeunes ont pu profiter du moment mais, plus important encore, ils ont appris à écouter les autres à tour de rôle, à interagir avec les gens qu’ils venaient de rencontrer, à suivre des règles et à être bien ensemble.
Plusieurs jeunes campeurs m’ont dit : « Moi, quand je serai grand, si une occasion comme ça se présente, j’aimerais être bénévole comme toi, Tamara, partager mon expérience et dire qu’un jour, j’étais exactement dans votre situation. » Ces jeunes sont définitivement reconnaissants pour tout ce que le camp Tim Horton, la Croix-Rouge canadienne et le Canada ont fait pour eux.
Je pense qu’ils deviendront de formidables citoyens canadiens lorsqu’ils seront grands. Ils sont emballés à l’idée de grandir et de consacrer leur temps, comme nous le faisons, à être bénévole et à aider les autres au sein de la communauté.
Alaa
Quitter la Syrie a été si difficile. Je ne peux pas expliquer ça.
On se sent en sécurité, ici.
Tout ce que je savais du Canada, c’était que les hivers sont vraiment froids.
J’aime aller à l’école, ici. J’apprends le français et l’anglais en même temps. C’est vraiment bien.
Zaid
C’était la première fois que je faisais de l’escalade. J’avais peur mais j’étais heureux. Je regardais en bas et j’étais sans mot.
Lorsque la première vague de réfugiés syriens est arrivée à Montréal le 12 décembre 2015, Ghassan Brax était l’un des nombreux employés et bénévoles de la Croix-Rouge présents pour les accueillir chaleureusement.
Ce fut un moment particulièrement émouvant pour Ghassan qui a prononcé le premier discours de bienvenue. Lorsqu’il était enfant, Ghassan a quitté le Liban avec sa famille pour venir au Canada. Ils ont pris le dernier avion à décoller de Beyrouth avant le bombardement de l’aéroport.
Pendant qu’il accueillait les familles syriennes, Ghassan a remarqué un garçon du même âge qu’il avait à son arrivée au Canada. Il lui a adressé quelques mots de réconfort.
« Il y avait un garçon d’environ 10 ans qui regardait partout autour de lui, raconte Ghassan. Je lui ai dit que ce serait difficile au début. Mais je lui ai aussi dit de ne pas s’inquiéter, que les choses allaient s’améliorer et que tout irait bien. »
Durant ce week-end, les bénévoles et employés de la Croix-Rouge étaient présents au centre de bienvenue de Montréal pour assister 161 hommes, femmes et enfants durant la distribution de vêtements chauds, de nourriture et d’articles d’hygiène avant la rencontre avec leurs parrains canadiens. Pour certains, c’était une réunion émouvante, car ils retrouvaient des êtres chers qu’ils n’avaient pas vus depuis de nombreuses années.
Mais l’épuisement et les larmes se sont finalement transformés en sourires de soulagement et d’espoir.
Notre impact collectif
- 11 012 réfugiés syriens soutenus par la Croix-Rouge au centre de bienvenue à Montréal
- 75 546 articles de première nécessité ont été distribués – vêtements d’hiver, trousses d’hygiène, cartes d’appel, oursons, etc.
- 2 954 enfants réfugiés ont participé à des activités récréatives et éducatives lorsqu’ils étaient hébergés dans les hôtels transitoires
- 843 réfugiés syriens ont passé un examen médical
- 477 trajets aller-retour pour des visites médicales
- 35 projets en partenariat avec des organismes communautaires
- + 3 900 réfugiés syriens soutenus par l’intermédiaire de projets d’intégration
- + 1 500 enfants et adolescents participent à des activités récréatives
Crédit photo: Jan-Prawdzik, ASFC
« Au plus fort des conflits, l’humanité est trop souvent oubliée. »
Au cours des 60 dernières années, les principales victimes de la guerre ont été des civils. La protection des civils pendant les conflits armés est donc une pierre angulaire du droit international humanitaire (DIH). Cette protection s’étend à leurs biens publics et privés. Le DIH identifie et protège également les groupes civils particulièrement vulnérables, tels que les femmes, les enfants et les personnes déplacées.
La protection des civils s’étend aussi à ceux qui essaient de les aider, en particulier les unités médicales et les organisations humanitaires ou de secours fournissant des éléments essentiels tels que la nourriture, les vêtements et les fournitures médicales. Les parties belligérantes sont tenues de permettre l’accès à ces organisations. La quatrième Convention de Genève et le Protocole additionnel I exigent expressément que les belligérants facilitent les travaux du Comité international de la Croix-Rouge.

Peter Maurer

Peter Maurer, président du Comité international de la Croix-Rouge
« Au plus fort des conflits, l’humanité est trop souvent oubliée. Pourtant, même au cœur d’un conflit subsistent l’espoir, la compassion et la solidarité, qui nous aident à croire en la possibilité d’une ère nouvelle et nous encouragent à travailler à son avènement. »

Marianne Gasser

Marianne Gasser, chef de la délégation du CIRC en Syrie
« Rien ne peut justifier ces actes odieux. De telles violences, visant délibérément les hôpitaux et les dispensaires, sont prohibées par le droit international humanitaire. Des personnes continuent à périr dans ces attaques. Plus aucun lieu n’est sûr à Alep, même les hôpitaux sont menacés. »

Conrad Sauvé

Conrad Sauvé, président et chef de la direction de la Croix-Rouge canadienne
« Il importe de se rappeler que même les guerres ont des limites. Certaines règles énoncées dans les Conventions de Genève interdisent de priver les civils d’un accès aux vivres et aux articles permettant d’assurer leur survie. Ces règles empêchent également les attaques dirigées contre les travailleurs humanitaires.
Toutefois, malgré l’existence de règles claires, la prestation d’aide aux populations touchées par ce conflit s’est avérée très dangereuse. Depuis le début du conflit, plus de 55 travailleurs humanitaires du Croissant-Rouge ont perdu la vie alors qu’ils portaient secours aux personnes dans le besoin. »

Mohamed Khadra

Le 24 avril 2012, Mohammed Khadra, un secouriste bénévole du Croissant-Rouge arabe syrien (SARC), a été tué alors qu’il travaillait à sauver d’autres personnes à Douma, près de Damas.
Les funérailles du secouriste bénévole du Croissant-Rouge arabe syrien, Mohammad Khadraa, tué à Douma en avril alors qu’il travaillait dans un véhicule visiblement identifié au SARC. Les bénévoles et le personnel du SARC ont déployé une bravoure remarquable en œuvrant sur le front pour récupérer les blessés, prodiguer les premiers secours sur place et distribuer des vivres et des médicaments à des personnes qui en avaient désespérément besoin.

Milica Dukic

Milica Dukic, ancienne réfugiée et bénévole de la Croix-Rouge de la Serbie
« Je sais pourquoi ces gens fuient. Quand nous avons fui notre pays, j’étais terrifiée. Les bénévoles de la Croix-Rouge ont joué avec nous. Pour moi, la Croix-Rouge est synonyme de bonnes personnes – des sourires, des gestes de tendresse et de l’aide. »

Rami Sarakbi

Rami Sarakbi, travailleur humanitaire de la Croix-Rouge
« Les journées étaient très longues, nous avons accueilli en moyenne un millier de réfugiés chaque soir. Certaines histoires étaient très troublantes. L’un des moments les plus touchants a été lorsqu’un homme m’a dit : ʺAu moment où j’ai vu votre visage, c’était la première fois que je ressentais de l’espoir depuis des semaines.ʺ Il avait perdu toute sa famille. Rencontrer quelqu’un comme ça, ça vous donne une tout autre perspective. »

Les gens en Syrie ont besoin de votre aide
Six années de violence ont entraîné la mort et la destruction en Syrie. Des millions de personnes ont été forcées de quitter leur foyer ou ont fui le pays. Du nombre, plusieurs sont des enfants.
Malgré les dangers, le Croissant-Rouge arabe syrien (SARC) continue de travailler jour après jour pour alléger les souffrances à travers la Syrie, en bénéficiant d’un accès sans précédent sur le terrain. La Croix-Rouge canadienne continue d’appuyer le SARC en fournissant des soins de santé essentiels, des médicaments et des fournitures médicales aux personnes les plus touchées par la crise.
Mais l’ampleur de la crise dépasse tout ce que la Croix-Rouge et le Croissant-Rouge ont connu au cours des 15 dernières années.
Nous devons faire plus. Avec votre aide, nous le pouvons.
Appuyez aujourd’hui le fonds Crise en Syrie.
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Crédits
Vidéos du camp Tim Horton de la Croix-Rouge canadienne: Réalisées par A for Adventure
Photos: Croix-Rouge canadienne, Croissant-Rouge arabe syrien, Comité international de la Croix-Rouge, Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, IRCC, ASFC
Merci
La Croix-Rouge canadienne tient à remercier les généreux individus, gouvernements et partenaires des entreprises et des collectivités pour leur soutien financier au maintien de son travail en Syrie et auprès des personnes touchées par la crise syrienne.